vendredi 15 octobre 2010

Imaginons, tiens.

Son appartement. Un vrac étouffant. Les fenêtres fermées, et pas toujorus accessibles, étrange que devant, soient placés des chaises, des sacs de courses, des valises, objets qui devraient être ailleurs, mais se retrouvent là, et gênent l'accès, visuel, à l'extérieur.

La table est encombré de mille objets. Téléphone, papiers, lettres, théière, torchon, chemise cartonnée, fer à repasser, stylos, deux assiettes sales, trois tasses, un biberon, télécommande, CD.

Je suis loin. Je fais les courses. Au supermarché. J'y vais toujours tôt. A 8h30, non seulement il n'y a pas grand monde, mais elle dort encore. Tandis que j'arpente les rayons, je sais qu'elle dort. Son bébé pleure peut-être, il l'appelle, réveillé de puis un moment, mais elle ne répond pas.

Elle dort de cet étrange sommeil qu'elle a toujours eu ou voulu avoir. A midi, la mère ouvrait les rideaux, pour tenter de la réveiller, elle ne bougeait pas plus qu'une souche. A midi ou plus tard. Quand je passais chez elle, je jetais un coup d'oeil, curieuse, dans la chambre. Ado, jeune fille, jeune femme, quand elle avait décicé de dormir elle dormait, sans plus bouger qu'un tronc mort.
Une sensation étrange, un manque, je crois, de relachement musculaire, m'a toujours donné à penser qu'elle s'efforçait avant tout de ne pas bouger, de rester immobile. Quand elle dormait la nuit, elle avait un visage plus relaché, les lèvres entrouvertes parfois. Quand, à la suite de la mère, j'entrais, je lui voyais un visage paisible mais figé.

Impossible de croire qu'elle dormait : elle voulait dormir, elle voulait demeurer dans ce cocon de sommeil. Incroyable, elle l'a fait. Elle ne s'est pas éveillée à 20 ans, ni à 24 ans. Pas d'études, pas d'amis, pas d'envie pour la tirer hors du lit. Il semble qu'elle ait eu ensuite de longues périodes où des obligations professionnelles l'ont obligé à sortir, mais cela n'a pas tardé à lui peser, alors, harcèlement, inspecteur du travail, elle s'est fait licencier et a décider de devenir une mère. Avant de trouver le père, elle a mis un peu de temps. Juste après la naissance, elle dormait moins. Mais depuis 6 mois, elle dort à nouveau plus tard le matin, tandis que l'enfant pleurniche et chantonne dans son lit.

Je songe à cela quand je fais mes courses, vite, de retour de l'école, avant d'aller travailler.

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