mardi 22 septembre 2009

Deuil

Relation avec Jili.

Quand on a une relation avec quelqu'un, on espère un échange.

Avec Jili c'est différent. Je n'ai aucun espoir d'échange. C'est en quelque sorte une relation phatique, une relation pour dire "je suis là".

J'effectue des choses , j'écris, je me manifeste, non pas dans l'espoir d'une réaction ou d'un échange, mais pour montrer que je suis là.

Durant longtemps, comme ce type de relation est décourageant, j'ai cessé la relation : eh bien, nous n'avions pas de relations. Mais elle pouvait me le reprocher (et l'a fait) et je culpabilisais.

revenons au passé. Pour être claire. Du temps ancien où nous vivions ensemble. Il n'est jamais arrivé qu'elle me questionne sur moi, sur ce que j'avais fait aujourd'hui, sur les gens que j'avais vu, ou sur quoique ce soit. Je me souviens que déjà je lui posais des questions de convenance sur ce qu'elle avait fait, puisqu'elle ne répondait pas toujours. Quand elle ne répondait pas, j'étais toujours troublée : avait-elle entendu ou pas ? Est-ce qu'elle refusait der épondre ou est-ce qu'elle ne daignait pas le faire ? de temps en temps, quand j'insistais, elle me traitait de conne ou de débile.

Cela donnait des dialogue comme ça.

- ça va ?
- Mmm.
- Tu as été en cours ?
-....
- Il a plu sur le trajet ? (j'essayais de trouver des trucs à dire, car une conversation pas alimentée, c'est dur).
- Chais pas. Non.
- Ah, moi il a plu.
-....
Et finalement je repartais. (en cuisine, préparer le repas, tandis que Jili regardait la télé allongée par terre).

Cela a duré très longtemps, et finalement j'ai tout laissé tomber.

Depuis que nous nous écrivons, c'est en fait la même chose : j'envoie des lettres dans lesquelles je tente de poser toutes sortes de questions sur toutes sortes de sujets de façon à générer en elle l'envie de répondre. Au début, elle répondait un peu, mais maintenant, l'échange de lettre tourne au dialogue de sourds : à une lettre avec des questions sur l'enfant, son mari, son moral, elle me repond par une long plaidoyer en faveur de l'homéopathie, sans que je sache pour quelle maladie elle a consulté l'homéopathe, d'ailleurs, elle n'est même pas aussi p^récise que ça, elle ne parle aps d'elle, elle fait un cours sur l'homéopathie, copié coller de sites. Je réponds avec moults compliments sur l'homéopathie et sa santé, et elle me réécrit trois mois après en me parlant des troubles du langage. Je compatis, j'essaie de savoir qui a des troubles du langage, et dans sa lettre suivante, ni homéopathie ni trouble du langage : les couches lavables.

C'est un peu comme si elle recopiait des passages de journaux féminins.

J'exagère en disant qu'elle ne parle pas d'elle, elle m'en a un peu parlé tout de même... Mais en fait, chaque lettre est composé d'une analyse de son état intérieur, puis il y a une transition du genre "as-tu entendu aprler de ... ? Moi, je trouve ça génial (ou terrible) ! "et hop, l'homéopathie, les troubles du langages ou les couches lavables.

Donc, d'une certaine façon, je suis en deuil. En deuil d'une relation normale. Je garde le contact par principe (et aussi parce que je la sais seule, elle me l'a dit à plusieurs reprises, elle ne voit personne, ce que je ne trouve pas surprenant, mais triste tout de même). Mais j'ai toujours peur de tomber à côté, et quand elle aborde un sujet je fais bien attention, je me bats contre moi-même pour ne pas parler en étant moi-même et donner mon avis : il faut seulemnent relancer, comme dans les questions ouvertes des sondages : Ah bon? Qu'en penses-tu? Ah vraiment ? Car en fait, elle ne veut pas dialoguer, mais monologuer face à un auditeur.

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